Je suis pleinement conscient par l’interpellation que peut provoquer cette question. L’utilité n’a de sens que lorsqu’elle apporte quelque chose. Une contribution appréciable, avantageuse en soi, digne d’intérêt. A priori contradictoire de la symbolique du phénomène dépressif !
- Un effondrement de l’humeur entraînant une vision pessimiste, défaitiste du monde et de soi-même. « Ne plus avoir le moral, avoir le cafard » sont des expressions manifestes d’un état dépressif.
- Une situation de léthargie. La perte de l’élan vital se répercute sur les divers pans de la personnalité. Ralentissement intellectuel, on a plus envie de rien, plus d’initiative, perte du plaisir, de la libido.
Un ralentissement corporel, pas d’envie de se lever le matin, économie des gestes, transit intestinal paresseux. Viennent également s’ajouter des troubles physiologiques tels que l’insomnie, manque d’appétit, grande fatigue, douleurs.
- Une souffrance psychique. Le véhicule est en panne mais le tableau de bord est toujours allumé. Je veux dire par là que le déprimé a tristement conscience de son état. Vont naître des sentiments de culpabilité, d’autocritique, de dévalorisation. Les idées noires s’imposent de manière de plus en plus cinglante et écrasante. « Je ne vais jamais m’en sortir, de toute façon c’est de ma faute, à quoi bon continuer à se battre ». La résignation est telle que mettre un terme à sa vie serait vu comme une délivrance.
A partir de ma propre réflexion et non de façon unanime, tentons de voir ce qui se cache sous le manteau ténébreux de la dépression.
Et si la situation que l’on soupçonne responsable de ce marasme (rupture sentimentale, deuil, maladie, chômage, retraite…) n’était en fait qu’un déclencheur, un révélateur entrant en résonance avec un mal être beaucoup plus profond, bien plus ancien, refoulé, réprimé jusque-là.
J’ai maintes fois remarqué dans la perception de l’enfant que tout déficit d’amour vrai, inconditionnel, tout enveloppement maternel insuffisant provoquent, en plus d’un sentiment de frustration, un sentiment de culpabilité. Il s’accuse quelque part du fait de ne pas être aimé. Cela doit venir de lui, pense-t-il. L’enfant ne voit son reflet que dans le miroir des yeux de ses parents.
Cet amour manqué/manquant, va alors se répercuter sur sa personnalité et bien entendu sur l’adulte en devenir. Il se traduira par un besoin incommensurable de se sentir aimé, enveloppé, sécurisé. Mais aussi le besoin de prouver aux autres et à lui-même qu’il est quelqu’un de bon, qu'il vaut le coup.
Cette dépressivité prématurée se cache alors sous les traits d’un personnage mis en scène dans la société, dans le seul but de quémander inconsciemment de l’amour et de la reconnaissance. Une lutte acharnée de quête de légitimité, jusqu'au jour où cela ne marche plus. Le personnage fait cruellement défaut, plus d’arguments ni stratagèmes de sortie de crise. Il est exténué, fourbu, vidé de son énergie dépensée sans mesure jusque-là, à prouver aux autres et à lui-même sa bonté, son utilité.
La pression subit au fil du temps à besoin de dépressurisation, au risque d'imploser. C'est en cela que je considère l'état dépressif à ce moment là, comme une halte nécessaire, un passage inéluctable voire une utilité. Un mal pour un bien !
Et si c’était le prix à payer pour enfin renaître, se défaire du personnage guidé par l'unique prisme du rachat et de la réhabilitation. S’affranchir de son passé pour enfin habiter son présent, seul garant à devenir soi, adulte, apaisé et vivant.

Dans votre exposé, nous sommes obligés de nous sentir concernés à un moment ou à un autre.
Ces bases de dépression latente dès notre vie d'enfant existent très certainement pour chacun d'entre-nous pour des raisons différentes. Chaque enfant rencontre des situations marquantes ou troublantes pour lui, même si sur le moment il n'en a aucune conscience .
Devenus adultes lors des situations difficiles à vivre , l'angoisse, l'anxiété , la douleur nous envahissent , nous empêchent de vivre et de trouver le bonheur.
Pensons donc plus souvent à revenir à l'enfant que nous étions pour expliquer nos moments de dépression.
Merci pour cette piste.